La peur du noir...

Publié le par manu-fishing.over-blog.com

 

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Quelle est l’image aujourd’hui de la pêche de loisir en eau douce… Encore difficile de se détacher des caricatures du béret, mégot et poissons agonisant sur le sol.

 

Ce n’est pas la qualité des milieux aquatiques qui pourrait améliorer cette image. En effet, les récurrences d’hyper-eutrophie, PCB, et pollutions diverses alimentent peu le côté rock and roll de la pêche de loisir.

 

Le nombre de pêcheur est en chute libre depuis des années… avec une telle image sommes-nous vraiment étonnés ?! Et les dirigeants… entre leurs philosophies et leurs âges canoniques se donnent-ils véritablement les moyens de travailler sur le fond ?!!

 

Et l’Etat dans tout cela… Ils existent bien des textes règlementaires, la dernière bouture en date l’application de la Directive Cadre prévoyant un retour à la qualité des milieux aquatiques en 2015 !!! On se moque de qui ? Est-ce en continuant à diminuer les moyens des services de police et des services déconcentrés en général que l’on va véritablement se donner les moyens d’agir…

 

Ainsi la pêche, et les milieux aquatiques sont bien malades… je n’exprime pas ici une veine morale consistant à dire « avant c’était mieux », surtout pas, j’énumère des faits. Et justement les faits aujourd’hui ne s’arrêtent pas là.

 

En effet, à contre courant une frange de passionnés est en pleine émergence. Les pêcheurs aux leurres. Ceux-ci directement emprunts d’une culture américano-japonaise se dessinent peu à peu sur les berges de nos cours d’eau et lacs. Ils vont même jusqu’à coloniser les rives bétonnées des rivières traversant les milieux urbains les plus aseptisés ! En effet, la culture « Street » à lâcher son skate contre les moulinets casting, soft baits, frogs et cranks !!! Mais la richesse de cette culture va plus loin que l’apparence, en témoigne le travail des pionniers comme BBF, l’idéologie est omniprésente… celle du no kill !!!! La relâche systématique, et dans les meilleurs conditions possible, non plus d’un adversaire ou d’une proie, mais d’un partenaire de jeu que l’on compte bien croiser plusieurs fois.

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Cette nouvelle vague s’affirme partout et de tellement de manières. Les bass boat directement inspirés de la compétition outre atlantique envahissent assurément nos eaux, les float tubes sans bruit glissent silencieusement sur nos habitudes… Et malgré le peu de poisson qu’il reste dans nos eaux ces passionnés arrivent à s’épanouir grâce aux progrès des techniques mais surtout des pêcheurs eux même ! Aujourd’hui plus que confirmés à la biologie des espèces qu’ils recherchent, et ainsi hyper sensible à l’évolution des stocks. La pêche n’est plus bornée à une frange populaire, ses pratiquants ont tous les profils… mais demeure surtout une  caractéristique, l’envie de se faire plaisir dans un milieu respecté et respectable… ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

 

Cette culture du no kill s’accompagne de la redécouverte d’un adversaire de jeu fantastique : Le Black-bass à grande bouche micropterus salmoides. Ce fantastique centrachidé est l’une des principales préoccupations de cette génération grâce à ses caractéristiques naturelles : agressivité, nervosité, combativité, mais aussi parfois sont apathie nécessitant une constante remise en question.

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Caractéristique non négligeable, cette espèce s’adapte très bien aux eaux stagnantes, chaudes, pas forcément très bien oxygénées. Il supporte bien la dégradation des milieux et la pauvreté en oxygène. Ce poisson d’après guerre sacralisait la culture chewing-gum. De très gros sujets furent capturés dès les années 50 dans les lacs Landais. Le sud du pays semble lui convenir à merveille pour peu que l’on mette en place une gestion rationnelle… Mais ceci est une autre affaire.

 

Si la France avait mis en place une gestion cohérente de ses milieux aquatique en serions-nous là ? Mais plus loin encore, au lieu et place d’une politique stomacale rustre basée sur les salmonidés depuis 50 ans, nous entendons depuis peu un ouragan de reproches sur les black-bass !!???

 

Depuis les années 90, il semble qu’il y ait une montée en puissance des outils règlementaires et de gestion pour la sauvegarde des milieux aquatiques continentaux : Loi sur l’eau, Natura 2000…

 

Et au moment où nous sommes dans l’attente de véritables moyens opérationnels pour concrétiser, à priori ces bonnes intentions, on nous sort du chapeau : mort au bass !!!! D’où vient cette phobie du noir ??!! Est-ce un retour conjoncturel de protectionnisme visant à éliminer ce qui n’est pas de chez nous… a-t-on besoin d’un débat sur l’identité du cheptel piscicole national ?!!

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On reproche à nos bass un caractère à la prédation tel qu’il menace nos milieux aquatiques… Cela depuis 60 ans alors ? Car comme nous le disions il est là depuis longtemps… Qu’est-ce que l’on reproche  véritablement aux bass ? J’attends les remarques ici des détracteurs. Néanmoins je me permets d’anticiper...

 

Qu’est-ce qu’un milieu riche… comment pouvons nous définir les éléments permettant d’apprécier la richesse. Plutôt que de servir un discours visant un cours empirique je vous propose l’approche suivante. Les personnes compétentes travaillant sur la qualité des milieux aquatiques utilisent un outil : l’IBGN (indice biologique globale normalisé). Pour faire court, cette méthode consiste à ramasser de manière exhaustive l’ensemble des animaux vivant sur le fond d’un cours d’eau, par exemple, et d’en faire l’inventaire. Ainsi l’ensemble des organismes, des invertébrés pour l’essentiel, est ensuite échantillonné pour arriver à donner une note sur 20, comme à l’école ! Ce qui fait la qualité de la note, et ainsi la qualité du milieu, c’est la quantité d’invertébrés mais aussi la qualité. Ainsi si nous avons beaucoup d’espèce et un nombre important de variété (et de surcroit celle résistant le moins bien aux pollutions) nous avons la note maximum. Ainsi la quantité et la variété font la richesse. Adaptons ce raisonnement à nos milieux aquatiques : un étang rempli de carpes n’est pas un milieu riche… même si nous sommes sur un tonnage dépassant la production d’une pisciculture. C’est aussi la diversité qui fera la richesse… or je rappel que notre continent à subit une ultime glaciation qui s'est achevée il y a environ 18 000 ans, depuis elle a entamé ce que l’on appelle une transgression (flandrienne) marine, témoignage du réchauffement naturel de la terre. Cette période glaciaire a aussi entrainé un appauvrissement de la biodiversité de nos eaux. Changement climatique entraine irrémédiablement une modification de la population. Or une bonne partie du continent européen était sous la glace. Avec le dégel, petit à petit le milieu s’est vu colonisé à nouveau pour des espèces migrant avec le réchauffement climatique. Depuis 2 000 ans l’homme a participé à l’enrichissement des milieux aquatiques : la carpe au moyen âge, espèce la plus représentative de nos eaux aujourd’hui ! Demandez aux carpistes ? Le sandre arrivé d’Europe de l’est, Mais aussi la perche fluviatile, richement relâchée chez nous également au moyen âge. Que seraient les lgrands acs côtiers du sud-ouest sans ces espèces ? Ainsi l’homme a contribué à enrichir nos eaux, et de fait a accéléré ce que la nature aurait certainement fait également mais à une échelle bien différente et c’est peut-être sur l’échelle de temps qu’il faut réfléchir plus qu’à l’ensemencement de nouvelles espèces.

 

Le principe de précaution s’affirme sans trop de doute. Bien sur qu’il convient d‘être prudent car des bêtises ont été commises. Mais nous sommes tout de même loin du spectre de l’espèce piscicole qui arrive et détruit tout !!!! Prenons quelques exemples, la Perche du Nil dans le lac Victoria en Afrique a défrayé la chronique car elle a été pointée du doigt sur les dégâts naturels, économiques et sociaux qu’elle avait entrainé lune  véritable catastrophe. La plus grande victime de cette affaire n’est pas seulement la population locale (je relativise mes propos car nous sommes ici sur une véritable catastrophe humanitaire). En effet, la disparition des espèces locales du lac Victoria sont surtout le fruit d’une pollution chronique du lac : activités polluantes ne traitant par leurs rejets et déchets, non traitement des effluents urbains et sanitaires d’une population hyper-concentrée autour de ce lac sont les premières causes de turbidité, eutrophisation et dégradation d’un milieu qui a entrainé la diminution d’un stock au profit d’un autre convenant  davantage à la perche du Nil… Dis comme cela on mesure qu’une espèce seule n’est pas à l’origine de cette catastrophe ou d’autres.

 kikis mars 2010 190

Poissons chats, Perches soleils, Gambusies… ces espèces clairement classées nuisibles ont assurément modifié le paysage piscicole des eaux colonisées. Mais pas de manière irrémédiable c’est une certitude. Et notre black-bass dans tout cela ? A-t-il ruiné les populations de libellules ? A-t-il explosé la fraie du brochet, espèce holobiotique autochtone, plutôt en mauvaise forme. Pourquoi ne pointons-nous pas du doigt les milliers de perches (fruit d’un empoissonnement anthropique) présentent à Hourtin ? Pourquoi ne pointons-nous pas du doigt les lâchers massifs de fario de bassines dont la prédation sur les invertébrés n’est plus à prouver ?

 

Le discours des détracteurs du bass n’est-il pas là pour masquer l’impuissance et l’incompétence de nos ministères, FD et AAPPMA pour la protection des milieux aquatiques. Qui aujourd’hui travaille véritablement  sur les vrais problèmes : pollutions chronique urbaines, (effluents industriels, et domestiques), imperméabilisation systématique des milieux, pollutions chroniques agricoles, assèchement des aquifères, endiguement réalisé et jamais remis en question, lâchers de salmonidés sur des cours d’eau ou 50 barrages séparent les géniteurs de leur zone de fraie, obstacles à la libre circulation piscicole avec moulins, barrages EDF, dévalaison des anguilles argentées, pression de la pêche professionnelle sur des stocks plus qu’affaiblis… le bass fait-il autant de dégât que cela ?

 

Et la procambarus clarki (écrevisses de Louisiane)  ?! N’avons-nous pas là un véritable problème… peut-être le seul véritable que connaissent la France au regard d’initiative de colonisation piscicole ! 10 à 50 individus au mètre carré !!!! Quelle place reste t-il aux larves de libellules… ne préféreraient-elles pas avoirs aux dessus d’elles un banc de bass finalement ?

 

Ainsi je n’arrive pas à voir le bass comme un problème. Je comprends qu’il puisse y avoir une inquiétude car le bass retient beaucoup d’attention. Aussi je voudrai faire la lumière sur les intentions.

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Lorsqu’on met en avant le bass ce n’est pas pour mettre en retrait les soucis de préservation du brochet, de la perche ou encore de la lamproie fluviatile et du chabot. Les black bass sont au sommet de la pyramide alimentaire,  ils sont donc plus fragilisées au regard des difficultés que connaissent nos milieux aquatiques. De plus le bass ne bénéficie pas d’une fraie précoce comme le brochet, ainsi ces alevins sont les proies des alevins de brochet qui eux ont déjà plusieurs semaines et dont la caractéristique naturelle les situe parfaitement pour aller s’alimenter en alevins de bass. De plus le caractère des bass à protéger ses œufs puis alevins le fragilise car il s attaquent tout ce qui peut s’approcher de trop près. Une aubaine pour un pêcheur peu scrupuleux !

 

Ainsi la volonté des pêcheurs de BB, leurs envie est aujourd’hui un moteur digne d’une définition du développement durable :

 

Environnement : ceux-ci souhaite voir s’implanter une espèce adaptée à nos eaux, n’entrainant pas de déséquilibre majeur et favorisant plutôt l’enrichissement de nos milieux. Cette espèce peut même aujourd’hui servir de régulateur à l’hyper invasion des écrevisses exotiques. Le no kill porté par ces précurseurs fera assurément tâche d’huile sur les pratiquants d’aujourd’hui, mais aussi et surtout sur les générations à venir qui au-delà du no kill manipule sainement leurs prises, et vont jusqu’à écraser leurs ardillons afin de blaiser le moins possible leurs captures.

L’économie: le marché est énorme !! Les fabricants de cannes et de leurres ont ici une manne fantastique… faites un tour dans la boite à pêche d’un pêcheur aux leurres !! Il a une canne pour chaque type de leurres… parlons également de l’impact sur le nautisme, voir même sur l’automobile, le tourisme. Il est dommage que notre pays, première destination mondiale, se dispense de la pêche…

Enfin le social: nous avons ici un fantastique mouvement culturel prônant le respect de l’environnement avec une image dynamique et jeune… Cette culture s’affirme grace aux photos et vidéo portés par certains média attentif aux évolutions, voir même porteurs… Il ne manque plus que la musique (je veux biens m’en occupé…)

 

L’aventure est en marche… les élans des détraquer du bass n’empêcherons pas l’histoire de s’écrire… ils ne feront au mieux que la retarder !

zander

Et le sandre, une espèce patrimoniale ??!!!!...

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G
<br /> bravo<br /> cool l'article<br /> tu peux l'envoyer en fichier joint à la fd<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Tout a fait d'accord avec toi, sur tous les points ce qui est plutôt rare de ma part.<br /> Je reprendrai ta reflexion, si tu me le permet, lorsque je devrait convaincre les "anciens" de l'utilité du bass.<br /> <br /> Merci, à bientôt<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci à toi !!!...<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Dommage que l'on ai jamais vraiment discuter longuement tous les 2, car ta connaissance et ton recul m'impressionne à chaque fois, et on a envie d'en apprendre toujours plus et te lisant.<br /> Bravo pour ton blog et esprit, à plus camarade ;-)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> hey Thomas !<br /> <br /> <br /> Merci pour ces mots... il est toujours temps d'échanger !! Le temps d'une sortie cet automne...<br /> <br /> <br /> <br />